L'accès à la propriété de plus en plus difficile pour les plus modestes
Depuis la fin des années 80, les inégalités d'accès à la propriété immobilière se creusent. Pour les ménages les plus modestes, les difficultés augmentent, tandis que les plus aisés sont toujours plus nombreux à acheter leur logement. Cette détérioration du marché de l'immobilier est le constat d'une étude réalisée par la Drees. Au-delà des politiques d'aide au logement et des conditions d'emprunt, devenir propriétaire dépend aussi de l'aide familiale.
En s'appuyant sur les enquêtes régulières de l'Insee, la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) étudie l'évolution des taux de propriétaires par niveau de vie entre 1973 et 2013, pour les jeunes ménages accédants (entre 25 et 44 ans). En 1973, 34% des plus modestes étaient propriétaires ; ils n'étaient plus que 16% en 2013. A l'inverse, les ménages les plus aisés ont vu leur part augmenter de 43% à 66%. Si le taux moyen de jeunes propriétaires reste stable depuis le milieu des années 90 (45%), il cache une forte tendance inégalitaire qui se creuse sur le long terme.
Cette distorsion s'explique notamment par l'augmentation des taux d'intérêts des crédits immobiliers à la fin des années 80 et par la forte hausse des prix des logements entre 1996 et 2010. La Drees constate en outre que les aides à l'accès à la propriété auraient accentué cette dynamique plutôt que l'enrayée, en manquant leur cible, à savoir les ménages les plus modestes. Autre observation majeure, les aides familiales ont été déterminantes dans cet accroissement des inégalités entre les foyers accédants. Entre 2002 et 2013, 12% des ménages au niveau de vie le plus élevé déclarent avoir bénéficié d'un héritage ou d'une donation contre 4% parmi les revenus les plus faibles.
réf : étude de la Drees "Accès à la propriété : les inégalités s'accroissent depuis quarante ans"
Par Hervé Labatut, le mercredi 1 juin 2016