Crédit immobilier : les emprunteurs ont du mal à négocier avec leur banquier
La relation avec son conseiller bancaire est souvent compliquée, marquée par un déséquilibre évident entre les compétences de l'un et les attentes de l'autre. Un récent sondage Opinionway pour la banque en ligne Fortuneo confirme le malaise éprouvé par les Français quand il s'agit d'aller voir son banquier, notamment dans le cadre d'une demande de financement.
Négocier avec son banquier, une nécessité contraignante
Tout se négocie, même l'argent. Mais en matière de produits bancaires, le rapport de force est déséquilibré et l'exercice redouté par les consommateurs. Un sondage plein d'enseignements, réalisé en mai dernier pour la banque en ligne Fortuneo, interroge les Français sur leur relation avec leur banquier lors d'une négociation commerciale. Négocier avec son banquier reste une nécessité pour 31% des sondés, mais la démarche est compliquée (29%) quand elle n'est pas fatiguante (14%) voire embarrassante (13%). 5% trouvent l'exercice amusant (!), d'autres imprévisible (3%). On observe que la majorité des Français n'aiment pas négocier avec leur banquier alors qu'ils expriment un réel goût pour la négociation des prix de certains produits et services (61%).
La banque reste et demeure une entité dont on se méfie, et le banquier un professionnel qui va imposer des produits sans tenir compte des besoins de son client. La perception négative des Français à l'égard des banques s'est trouvée renforcée par les annonces récentes et récurrentes d'augmentation des tarifs bancaires. Banquier = usurier, la rime n'est pas riche, mais tenace.
Pour un banquier, l'argent, c'est de l'argent plus une date. (anonyme)
On négocie son crédit immobilier, moins sa carte bancaire
A la question "Avez-vous déjà négocié chacun des éléments suivants avec votre banuqier ?", force est de constater des réponses très inégales selon les produits. Signe que les médias et les comparateurs en ligne ont convaincu le public, 47% des personnes interrogées ont discuté le taux de leur crédit immobilier, et un tiers s'est aventuré sur le terrain de l'assurance emprunteur. Il aurait été intéressant de savoir quels avantages elles en ont tirés. Pour les autres produits, les Français ont tendance à accepter l'offre du banquier. Ne sont pas négociés :
- les frais de découvert (68%)
- le prix de la carte bancaire (68%)
- l'obtention d'une carte Premimum (80%)
- les commissions pour des retraits et paiements à l'étranger (84%).
Si le sujet est délicat, il est néanmoins dommage que les Français n'envisagent pas la négociation avec le banquier comme un exercice normal. Les banques devraient de leur côté tirer profit d'un tel sondage et améliorer la personnalisation et la fidélisation de la relation clients dans un domaine où les concurrents digitaux dont le modèle est construit sur la dépersonnalisation de cette relation pour réduire les coûts gagnent chaque année du terrain.
Par Gerard Mihranyan, le mardi 26 juin 2018