Quelle est la typologie des personnes surendettées ?
La dernière enquête de la Banque de France sur le surendettement fait état d'une diminution du nombre de dossiers et du volume des dettes en 2017. Selon la typologie des personnes surendettées, les adultes vivant seuls et les personnes disposant des plus faibles revenus sont les premiers touchés par une situation financière critique. Le surendettement touche en priorité les personnes isolées et les femmes
Les chiffres du surendettement en 2017
Durant l'année 2017, les commissions de surendettement ont reçu quelque 181 123 dossiers, soit 7% de moins qu'en 2016. Depuis 2014, le recul atteint 22%, un chiffre encourageant qui témoigne des effets bénéfiques de l'encadrement du crédit à la consommation et de la baisse des taux d'intérêt. Sur le total de dossiers déposés, 166 670 ont été déclarés recevables, un nombre en baisse de 4,7% par rapport à 2016. Les procédures de rétablissement personnel (effacement des dettes) représentaient 44% des situations recevables. L'endettement global des ménages surendettés pour l'année 2017 est estimé à 7,2 milliards d'euros dont 23% effacés après traitement par les commissions.
L'endettement moyen s'élève à 27 862€ hors dettes immobilières. La part des crédits à la consommation dans la dette globale a diminué depuis 2012, passant de 53,8% à 37,4%. 14,4% des situations de surendettement contiennent des dettes immobilières pour un endettement moyen de 108 094€. Cette baisse de l'endettement moyen est d'autant plus remarquable que depuis la mi-2015 les crédits immobiliers et à la consommation n'ont cessé de croître. L'excellent niveau des taux d'intérêt a permis d'allonger les durées de remboursement tout en limitant le taux d'endettement des emprunteurs, ce qui a permis de contenir le surendettement.
Recul du crédit renouvelable
Bien souvent stigmatisé dans les situations de surendettement, le crédit renouvelable n'a cessé de reculer depuis cinq ans : depuis 2012, l'encours a chuté de 42%, le nombre de dossiers concernés de près de 24% et la dette moyenne de 24,5%. La réforme du crédit portée par les lois Lagarde et Hamon a permis ce recul très net du crédit renouvelable, accéléré par ailleurs par un recours massif au rachat de crédits.
Le crédit n'est pas la seule composante des dettes : les arriérés de charges courantes (loyers, factures d'énergie et de communication, dettes fiscales) représentent 12% de l'endettement global et figurent dans 82% des situations de surendettement. Ces dettes sont en hausse de près de 5 points depuis 2012. Les dettes de logement sont présentes dans un dossier sur deux, de même que les dettes d'énergie et de communication. Les dettes fiscales sont elles en hausse de 55% par rapport à 2012 et figurent dans 43% des situations de surendettement.
Adultes isolés et les plus précaires
Ces derniers chiffres reflètent l'évolution de comportement vis-à-vis du crédit : le crédit excessif n'est plus le seul facteur au surendettement, les populations les plus précaires qui ne peuvent faire face aux dépenses du quotidien étant les premières victimes. Le profil type du surendetté est une personne vivant seule (avec ou sans enfant à charge) ou disposant de revenus inférieurs aux minima sociaux ou au SMIC. Dans deux cas sur trois, le débiteur n'a pas de conjoint ou en est séparé et près d'un tiers des personnes surendettées est au chômage, soit une proportion quatre fois supérieure à celle des chômeurs dans la population française. Employés (33,7%) et ouvriers (23%) sont des catégories surreprésentées par rapport à leur prévalence dans la population française.
La proportion de femmes surendettées dépasse 54%. Deux facteurs aggravant pour ces dernières : elles perçoivent des revenus d'activité inférieurs à ceux des hommes et elles sont cinq fois plus souvent l'adulte de référence dans une famille monoparentale.
Par Gerard Mihranyan, le jeudi 8 février 2018